La pratique qui rend les enseignants (et leurs élèves) heureux !

Une prof heureuse

Vous êtes enseignant-e ? Parfait, cet article est pour vous.

Imaginez : vous êtes en plein milieu d’un cours, en train d’expliquer une notion hyper importante.

La blague de Mattéo

Et là, alors que vous parlez, Matteo, avec ses cheveux gras et son appareil dentaire, vous coupe sans ménagement pour placer une vanne. Elle est pourrie (Matteo n’est pas le plus intelligent de la classe) mais fait mouche, et ses camarades l’accueillent en riant à gorges déployées.

Vos poings commencent alors à se se crisper, vos mâchoires à se serrer.

Et tout à coup, sans que vous l’ayez décidé, vous réagissez d’une manière qui i) finit de faire partir le cours en vrille et ii) va vous faire vous demander : « est-ce que je suis vraiment fait-e pour enseigner ? »

Ça vous parle ?

C’est normal. Tous les enseignants ont vécu ce genre de situations.

Prof en colère

Mais ça ne veut pas dire qu’elles sont anodines. En effet elles viennent augmenter votre stress et le risque d’épuisement professionnel. Mais ce n’est pas tout ! Car avec le stress vient souvent également  une baisse progressive de l’empathie et de la compassion pour les élèves et, in fine, une baisse de la capacité à enseigner.

Flippant ?

Sans doute, mais il y a une bonne nouvelle : laisser le stress vous ronger et altérer votre capacité à enseigner n’est une fatalité.

En effet une étude menée par Lisa Flook, du Center for Investigating Healthy Minds (CIHM) de l’Université du Wisconsin, prouve qu’il existe une pratique qui vous permettra :

  • de mieux gérer les évènements stressants qui se produisent en classe

  • de vous préserver de l’épuisement professionnel

  • de renouer avec l’empathie et la compassion qui peuvent faire de vous un-e meilleur-e prof.

De quoi parle-t-on ? De la méditation de pleine conscience

 

La méditation de pleine conscience, c’est quoi ?

La méditation de pleine conscience est une pratique qui vous entraîne à prêter une attention emprunte de bienveillance à votre expérience présente : vos pensées, vos sensations physiques, vos émotions et votre environnement.

Depuis plus de quinze ans, la recherche a prouvé les bénéfices physiques, psychologiques et sociaux de la pratique de la pleine conscience, et au cours des dernières années, de nombreuses écoles en France l’ont adoptée pour aider les élèves à améliorer leur attention, leur capacité à réguler leurs émotions et leurs capacités d’apprentissage.

Mais grâce à Lisa Flook, on sait également désormais quels sont les avantages spécifiques de cette pratique pour les enseignants.

Elle et son équipe ont en effet mené une étude pilote pour tester sur eux l’impact d’un programme de réduction du stress de 8 semaines inspiré du MBSR.

L’étude a montré sans ambiguïté que les enseignants qui terminaient le programme recevaient de nombreux bénéfices, parmi lesquels une augmentation de leur capacité d’auto-compassion et une diminution de leur l’anxiété et des signes associés à la dépression et à l’épuisement professionnel.

En parallèle, les enseignants qui étaient en liste d’attente pour participer au programme ont vu leur niveau de stress et leur niveau d’épuisement professionnel augmenter.

Mais ce qui rend cette étude encore plus intéressante, c’est qu’elle a également permis d’évaluer la capacité des enseignants à gérer leur classe et à apporter aux élèves un soutien émotionnel et pédagogique adapté.

Et le verdict est sans appel : les enseignants qui pratiquent la pleine conscience sont plus efficaces.

Les interventions intempestives des élèves et les autres évènements stressants ont tendance à « glisser » sur eux, ce qui leur permet de rester plus facilement concentrés sur leur mission : enseigner.

 

Comment la pratique de la pleine conscience aide-t-elle réellement les enseignants dans et hors de la salle de classe?

Jon Kabat-Zinn, le créateur du programme MBSR et principal artisan de l’essor de la pleine conscience laïque, définit la pleine conscience comme la conscience qui découle du fait de porter attention délibérément et de manière non jugeante à l’expérience du moment présent (pensées, émotions, sensations, environnement).

Or, toutes celles et ceux qui ont enseigné un jour savent combien l’attention des enseignants est sollicitée. Ils savent aussi que le jugement arrive très vite lorsqu’un élève se comporte mal. Jugement de l’élève bien sûr, mais aussi parfois jugement de soi (si vous vous jugez parce que vous jugez l’élève).

L’une des premières pratiques du programme de réduction du stress basé sur la pleine conscience consiste à s’asseoir tranquillement et être attentif délibérément à ses sensations corporelles dans une zone donnée, quelles qu’elles soient et sans les juger.

Les neuroscientifiques et les chercheurs sur les émotions ont découvert que ce genre de pratique entraine les régions de notre cerveau qui régulent notre attention et favorisent une attitude non jugeante, et que ces capacités et ces aptitudes peuvent ensuite être mises en œuvre dans notre vie quotidienne.

classe agitée

Pour vous en tant qu’enseignant, cela signifie qu’au milieu du chaos qu’est parfois la salle de classe, la pratique de la pleine conscience vous permet de rester conscients de ce qui se passe à l’intérieur de votre esprit et de votre corps.

Cette conscience vous ouvre alors l’espace nécessaire pour désamorcer la réaction automatique qui s’invite et finalement répondre avec discernement à la situation, pourquoi pas en faisant preuve de gentillesse, de compassion et/ou d’humour.

Par exemple, dans le scénario décrit au début de cet article, un enseignant qui a suivi un programme MBSR remarquera ses poings serrés et sa mâchoire crispée. Il les considérera comme un signe que la colère s’invite, et cette prise de conscience non jugeante, peut être suivie de quelques respirations en pleine conscience, suffira très probablement à dissiper sa colère.

Il sera alors prêt à répondre de façon juste à la situation et à reprendre ensuite le cours comme si de rien n’était, bien dans son corps et bien dans sa tête.

 

Méditation et empathie

La méditation de la pleine conscience est également un moyen de cultiver délibérément l'empathie et la compassion. Des études ont en effet montré qu’elle augmente l’activité cérébrale associée à ces émotions positives.

La plupart des enseignants, lorsqu’ils démarrent leur carrière, sont naturellement empathiques et compatissants envers leurs élèves. Mais malheureusement ces qualités s’étiolent lorsqu’ils souffrent du stress chronique. En effet l’hormone du stress chronique, le cortisol, inhibe la production de l’hormone de l’empathie et de la compassion, l’ocytocine.

C’est d’ailleurs assez logique : le stress est un mécanisme d’alarme qui nous prépare à combattre ou à fuir, pas à faire ami-ami. Et heureusement pour notre espèce ! Vous imaginez Cro-Magnon croisant un tigre à dent de sabre et se tournant vers ses potes de grotte pour leur demander « ça va les gars ? Au niveau émotionnel ? »

Bon c’est vrai que Matteo n’est pas un tigre à dents de sabre (même si avec son appareil dentaire on peut se tromper) mais un mécanisme d’urgence c’est fait pour aller vite, pas pour être infaillible !

relation difficile

Quoi qu’il en soit (et pour revenir à nos moutons) quand l’empathie et la compassion s’amenuisent, la qualité de la relation entre l'enseignant et l'élève en souffre.

En cultivant délibérément sa gentillesse envers les autres via la méditation de pleine conscience, un enseignant confronté à un élève qui se comporte mal aura les ressources suffisantes pour poser la question : « Qu'est-ce qui t’arrive ? » plutôt que « Qu'est-ce qui ne va pas chez toi ? », et cette attitude plus compatissante renforcera la relation qu’il entretient avec l’élève.

Enfin, les chercheurs du Center for Investigating Healthy Minds (CIHM) ont constaté que l'auto-compassion des enseignants ayant suivi le programme augmentait également. Et ça, c’est encore une excellente nouvelle !

Les enseignants ont en effet tendance à se faire des reproches pour de nombreuses choses : parce qu’ils ne se sont pas trouvés bons en cours, parce qu’ils n’ont pas réussi à transmettre les messages essentiels aux élèves ou à leurs parents, parce qu’ils se sentent impuissants face à la situation familiale difficile d'un élève, etc.

Or lorsque ces reproches ne se dissipent pas, qu’ils se transforment en rumination mentale, cela peut à la longue nous empêcher de nous ressourcer et altérer la qualité de notre enseignement.

Souvent les enseignants qui s’intéressent à nos programmes MBSR me demandent lors de l’entretien préalable ou au cours de la réunion d’information comment ils peuvent arrêter de penser au travail une fois rentrés chez eux.

Je leur explique alors qu’il n’y a pas de « truc » pour parvenir rapidement à ce résultat, mais qu’établir une pratique régulière de méditation de pleine conscience comme le permet le MBSR peut les aider.

En effet la pleine conscience nous apprend à « remarquer » nos pensées ou nos schémas de pensée sans les juger comme « bons » ou « mauvais ».

Cela nous permet de diminuer la charge émotionnelle qui empêche ces situations difficiles de sortir de notre esprit et aussi d’adopter une attitude plus compatissante envers nous-mêmes, et de se souvenir que quels que soient les difficultés auxquels nous sommes confrontés, nous faisons de notre mieux.

Réduire votre stress en classe et devenir en même temps un.e meilleur.e enseignant.e, c’est possible !

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Alors, après avoir lu cet article, vous pensez que la méditation peut vraiment changer les choses pour vous ?

Vous avez raison, mais attention !

Les changements dont nous parlons sont apportés par une pratique de pleine conscience régulière et ne se produisent pas du jour au lendemain !

Dans l’étude de Lisa Flook, ils ont été mesurés après un programme de 8 semaines, et ce n’est pas un hasard.

En effet, la méditation, c’est comme un entrainement sportif : pour que ça fasse du bien, il faut du temps et il est grandement préférable d’être encadré

Pour conclure, la pratique de la pleine conscience n’est bien sûr pas une baguette magique, mais la recherche prouve qu’elle peut vraiment vous aider à mieux gérer votre stress et qu’en développant vos compétences socio-émotionnelles, elle pourra faire de vous de meilleurs enseignants.

Ainsi, même si vous ne pourrez jamais empêcher Mattéo de faire sa vanne pourrie, vous pourrez mieux gérer votre réaction et répondre d’une façon qui l’aidera à réfléchir à deux fois avant de recommencer 😉

Vous voulez en savoir plus sur le MBSR ? Alors réservez votre séance d’information et planifiez votre entretien (c’est gratuit).